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Isabelle Desmazures

Comment vaincre le stress à l'oral ?


À chaque fois que je demande à mes stagiaires : « Qui n’a jamais stressé avant de prendre la parole ? ». Autant vous dire que personne ne lève la main, sauf celui qui me demande où sont les toilettes, déjà paniqué avant de commencer la formation !


Être stressé-e à l’oral est tout à fait normal, vous sortez de votre zone de confort ! Par conséquent, s’exprimer devant le regard des autres est déstabilisant et entre nous, il faudrait être inconscient pour ne pas être effrayé-e par une telle perspective.


Mais sachez qu’il existe le bon trac, celui qui est constructif, car il permet de vous surpasser. Il vous donne le souci du détail, booste votre conscience professionnelle et mobilise toute votre énergie pour vivre une situation inhabituelle.


En revanche, le fait de ressentir de la souffrance au point d’espérer que la sirène d’incendie se déclenche avant un discours est très désagréable et heureusement, il existe des moyens pour y remédier.


Alors comment faire pour atténuer ce mauvais stress et performer à l'oral ?


Vous allez tout savoir d’ici quelques instants, mais auparavant, je tiens à vous préciser que dans cet article, je n’évoquerai pas la peur de parler dû à des événements traumatisants vécus dans la vie familiale ou scolaire. Je ne suis pas une experte dans ce domaine.


En revanche, je vais vous ouvrir quelques portes pour vaincre ce mauvais trac, celui qui s’apparente davantage à une forte anxiété de performance sociale. Là, c’est dans mon champ de compétences !


Le cruel regard des autres !



L’horrible pression que vous subissez est l’angoisse de ne pas être à la hauteur. Vous avez peur de déplaire et d’être ridicule aux yeux des autres !


Vous êtes assaillis de doutes. Vous imaginez le pire : « Je ne vais pas y arriver, et si je bafouille, et si j'ai un trou de mémoire et si, et si...

Dites-vous bien que ces inquiétudes vous enfoncent dans la spirale de la dévalorisation. Spirale que vous-même élaborez avec soin. Par conséquent, votre angoisse augmente considérablement un peu plus chaque jour avant votre présentation. C’est ce que l’on appelle l’angoisse anticipatrice qui malheureusement se décuple le jour J tant votre imagination a fait du bon boulot.



Une bien vilaine imagination ! Et à cause d’elle, vous avez peur du trou de mémoire, de bafouiller, de ne pas être clair-e ! D’un public hostile ou qui s’ennuie et là débute le cauchemar qui peuple vos nuits !


Mais entre nous, n’êtes-vous pas un peu trop sûr-e de vous finalement ? Etes-vous un devin pour être dans la tête de tous les participants ? Comment raisonnablement prétendre connaître leurs émotions et leurs réactions ?

Pourquoi vont-ils penser d’emblée que vous êtes nul-le sans même savoir ce que vous allez dire ? Ils n’ont aucune raison valable, ils ne sont pas vos ennemis. Ce que vos interlocuteurs veulent, c’est savoir ce que vous avez à dire. D’ailleurs, c’est pour cette raison qu’ils sont là ! Vous répondez à un besoin, c’est tout ! Ne laissez pas votre imagination vous mener par le bout du nez ! Dites-lui stop dès qu’elle s’empare de vous ! Et répétez tout haut : « Ce que le public attend de moi, ce n’est pas moi, mais ce que j’ai à dire ! Ce qui l’intéresse, ce sont mes propos, rien d’autre ! » Prendre la parole en public, c’est se projeter dans l’imaginaire des autres. C’est raconter une histoire… Ce n’est certainement pas se mettre à nu ! Pensez marketing : « Je vais dire ça pour qu’ils pensent ça, je vais utiliser ces mots pour qu’ils accrochent, je vais prendre cet exemple pour qu’ils comprennent… » C’est vous qui tenez les rênes ! C’est vous qui menez la danse et pas les autres ! Le travail que vous effectuerez pour savoir quoi dire et comment le dire vous permettra de renforcer votre confiance par la maîtrise de vos propos. C’est déjà la moitié du problème éliminé.


« Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement »-« Et les mots pour le dire arrivent aisément. » Nicolas Boileau.

Comment accepter son image ?

Peut-être, projetez-vous chez votre public ce que vous pensez de vous-même… Mon conseil : soyez charitable avec vous-même ! C’est vous qui n’êtes pas très sympa avec votre image… Étant jeune, un metteur en scène, m’a lancé d’un ton presque condescendant : « Si tu as peur du regard de ton public, commence par te regarder toi-même, ça te calmera ! ». Un peu décontenancée par sa tirade, j’ai néanmoins suivi son conseil. J’ai répété mon texte devant mon miroir, un peu effrayée au début de faire connaissance avec mes mimiques, avec ma façon d’être.


Mais après plusieurs efforts, j’ai commencé à accepter mon visage, mon sourire, mon corps, ma gestuelle… Petit à petit, je me suis apprivoisée et j’ai surtout accepté mes défauts vus de mon point de vue ! Puis j’ai corrigé quelques expressions pour me plaire davantage ! Oui, oui, oui, vous avez bien lu ! Le fait de se plaire aide beaucoup à avoir de l’assurance. Ce n’est pas pour autant que je me trouve fantastique ! Mais je me suis acceptée, c’est déjà un grand pas ! Je vous invite à faire de même. Vous pourriez vous apprivoiser en utilisant la vidéo de votre smartphone. Visualisez-là ensuite avec bienveillance et commencez à vous habituer à vous tout simplement…


Acceptez votre image, votre voix, votre posture… Vous verrez, ce n'est pas si terrible que ça, bien au contraire, c’est votre imagination qui est redoutable !

Si vous voulez vaincre totalement votre peur de vous exprimer en public, s’inscrire dans un cours de théâtre pour amateur est la solution sympa et formatrice. Chaque année, au mois de septembre il y a des nouveaux dans chaque troupe. Tout comme vous, ils débutent et tout comme vous, ils sont intimidés-es. Vous progresserez ensemble, vous répéterez ensemble devant les autres, vous jouerez devant une salle… Rien de tel pour vous désinhiber. Personnellement, j’en ai fait pendant près de 15 ans, et je peux vous assurer que c’est une expérience joyeuse et enrichissante.

Oublier la technique, c’est maîtriser son art !

Maintenant, que vous avez pris en compte le fait que vos auditeurs ne sont pas vos ennemis, il convient de canaliser votre énergie pour préparer votre discours avec minutie. Pour arriver à surmonter votre angoisse, pas de mystère, vous devez préparer votre intervention avec méthode. Il s’agit dans un premier temps de bien déterminer votre objectif, d’identifier votre public pour l’intéresser. Choisir également votre angle d’attaque pour ne pas partir dans tous les sens et réfléchir à son plan, et chaque point que vous allez évoquer. Pour vous aider à y voir plus clair, je vous renvoie à cet article : comment construire un discours ? Beaucoup de mes clients me montrent leur texte en me disant : « Je n’y arrive pas ! Je ne comprends pas ! C’est quand même ce que je fais tous les jours ! Pourquoi ça ne marche pas ! Ça me stresse… » Et comme à chaque fois, je leur réponds : «Ne vous inquiétez pas, c’est très bien ce que vous avez fait, mais votre texte est un texte à lire non à clamer avec conviction !». À l’oral, la structure et les phrases ne sont pas construites de la même manière. Nous n’utilisons pas les mêmes codes pour nous faire comprendre rapidement. De plus, il est nécessaire de prendre des raccourcis pour éviter d’endormir notre public ! Prenons un exemple pour illustrer mes propos. Voici deux textes, le premier destiné à être lu et le second pour l’oral. Regardez la différence d’écriture. Version pour l’écrit : « A l'oral, pour établir une vraie communication, il est important que le message soit compréhensible pour le récepteur. Le message, ou signe, comporte toujours un signifiant et un signifié. Le signifiant est la forme utilisée pour transmettre le message : un dessin, un mot, un geste…, qu'entend ou que voit le récepteur du message. Le signifié est ce que représente le message transmis, ce qu'il veut dire. Pour qu'une communication soit réellement établie, il est donc impératif que le signifié soit compris par le récepteur.» Version pour l’oral : « Bien communiquer à l’oral, c’est faire passer des messages avec des mots forts. Créer une argumentation concise et adopter une gestuelle adéquate pour que le public comprenne et s’y intéresse. » Cette dernière version est plus facile à dire à l'oral et à mémoriser pour le public. Certes, j'ai fait des raccourcis, mais le sens y est, c'est le principal. C’est justement cette intéressante préparation qui conférera une légitimité à votre présence devant vos interlocuteurs. Ce travail en amont contribuera à vous donner la confiance qui vous manque tant avant et pendant. C’est par l’action qu’on influe le plus souvent sur le trac.


Lorsque vous serez occupé-e à préparer votre prise de parole en public, à décortiquer les mots, trouver les arguments ou les points à développer… Vous serez accaparé-e par sa construction et votre imagination n’aura plus du tout le champ libre pour vous envahir.

Le fait de connaître son texte dans les moindres détails diminue la peur considérablement. C’est pour tout le monde pareil.

Une fois que vous savez quoi dire, à qui et comment le dire, tout devient rassurant. Et à force d’entraînement, vous serez de plus en plus authentique et plus confiant. Les comédiens, les politiques, les chroniqueurs, les animateurs…travaillent à fond leur prestation pour être bons, mais aussi pour éviter d’avoir un trac paralysant. C’est ça oublier la technique et maîtriser son art.

Maîtriser l'art oratoire, c'est comme apprendre à faire du vélo !

Si vous avez des doutes sur vos capacités à maîtriser l’art oratoire, plongez dans vos souvenirs d’enfance et plus précisément le jour où vous avez appris à faire du vélo sans stabilisateurs…

Qu’avez-vous ressenti lorsque l'on vous a retiré ces petites roulettes si rassurantes ? Vous n’étiez plus à l’aise du tout, vous éprouviez de la crainte face à l’instabilité, vous aviez peur de tomber…

Cependant, vous avez appris les techniques indispensables : gérer votre équilibre, tourner, pédaler, freiner, anticiper… Puis à force d’entraînements, vous avez découvert les joies de la vitesse et des dérapages contrôlés ! Et tous les jours, vous preniez votre vélo sans réfléchir à la technique, vous maîtrisiez votre monture ! J’aurai pu prendre comme exemple le jour où vous avez appris à nager ! Même raisonnement. Préparez-vous, entraînez-vous, c’est la clé de la réussite pour supprimer votre stress en renforçant votre confiance.


Pourquoi utiliser la visualisation pour gagner en confiance ?

Votre cerveau a tendance à comparer ce que vous avez imaginé à ce qu'il voit au moment de votre intervention ! S'il y a un grand écart entre votre imagination et la réalité, et c’est souvent le cas, votre cerveau va bugger et vous risquez de vous sentir déstabilisé-e. Je vous invite donc à utiliser la technique de visualisation pour vous sentir encore plus fort-e !

Mais avant de vous expliquer comment procéder, je vous conseille de découvrir le lieu de votre intervention. Tous les pros de la prise de parole le font, c’est important. Si c’est loin de chez vous, demandez des photos à l’organisateur.


  • Où serez-vous placé-e ?

  • Serez-vous debout ou assis ?

  • Où serez-vous assis ? (Arrivez en avance pour choisir votre place.)

  • Il, y a-t-il un micro ? Un pupitre ?

  • Où se tient votre public ? Face à vous, à droite ou à gauche ?

  • Après quel orateur devez-vous passer ?

  • Après quel collègue devez-vous vous exprimer en réunion ?

  • Quelle est la couleur des murs de la salle ?

  • Comment sont placées les chaises, où sont placées les fenêtres, il y a-t-il des tableaux ?

Observez chaque détail et mémorisez-les. Ensuite, chez vous, au calme, fermez les yeux, respirez profondément et expirez lentement au minimum 3 ou 4 fois pour vous détendre !


La respiration n'est pas une simple idée fantaisiste du monde de la méditation. C’est une aide précieuse pour stimuler la circulation sanguine. La respiration alimente beaucoup mieux le cœur et soutient une meilleure oxygénation de tous vos organes. Pour faire simple, cela crée un massage doux et puissant, très bénéfique pour votre corps. Le plexus solaire est alors débloqué et c'est important, car c'est cette zone émotionnelle qui se contracte par l'anxiété, le trop-plein de stress et les tensions accumulées.

Voyez l'intérêt de l'inspiration et de l'expiration ? Elle chasse momentanément le stress et vous laisse la voie libre à une réflexion plus constructive et positive.

Alors respirez un bon coup !

(Vous avez des vidéos sur YouTube (le yoga de la respiration) pour approfondir.)


Revenons à votre visualisation. Vous êtes désormais détendu-e, peut-être allongé-e sur votre lit ou sur votre sofa et vos yeux sont clos. C'est le moment de visualiser votre prestation. Regardez-le tout comme si vous étiez face à un écran de cinéma. Prenez tout votre temps pour faire apparaître le lieu, représentez-vous la salle et replacez chaque détail que vous avez mémorisé lors de votre visite. D’un pas tranquille, vous avancez sur la scène. Sentez comme vous êtes rassuré-e, détendu-e et ravi-e d’être là. Vous vous installez en silence, souriant à un public bienveillant. Votre regard est panoramique pour regarder tous les participants. Puis calmement vous démarrez votre intervention (dans votre tête). Vous vous voyez et entendez parler avec confiance. Peu importe si vous vous trompez ! Vous pouvez recommencer depuis le début, mais avec la même intention de décontraction, sans vous stresser ! C’est vous qui détenez la télécommande ! Mettez-vous dans un bien-être émotionnel, comme si vous racontiez vos fabuleuses vacances à vos amis, sans peur et en ressentant du plaisir, celui d'être écouté-e. Cette sensation est importante, allez-y à fond ! Finissez votre discours en imaginant un tonnerre d’applaudissements et vivez cette agréable émotion jusqu’au bout ! Vous ne risquez rien puisque vous êtes le metteur en scène de votre imagination. Une imagination constructive donc positive ! Faites de même avec les questions que l’on pourrait vous poser. Il serait intéressant aussi de prévoir à l'avance comment vous serez habillé-e afin d'être au plus proche de la réalité. Recommencez l'exercice aussi souvent que vous le pouvez, c'est une des clés de la réussite. Je vous entends déjà me dire : " ça sert à quoi tout ça ? ". Vous allez vite comprendre, c’est assez logique. Vous devez nourrir votre cerveau d'images de "déjà vu" en prévision du jour J pour le rassurer, mais aussi pour l'engager à bien faire. La visualisation positive permet de programmer votre cerveau à atteindre votre objectif : se sentir traversé d’agréables émotions comme la satisfaction de réussir, la fierté d’être écouté-e ou le plaisir d’être applaudi-e ! Votre cerveau va mémoriser votre film comme s’il existait vraiment. Il se souviendra du lieu, de vos émotions positives, du texte… Il en fera un souvenir. Et le jour J, votre cerveau vous donnera l’impulsion nécessaire pour rejouer la même scène et vous approcher au plus près du même plaisir. Cette technique est également utilisée par les grands sportifs pour attendre leur objectif. Pour un sprinter par exemple, il visualisera sa course, ce qu’il ressentira à chaque effort et quelles seront les ressources nécessaires dont il aura besoin pour arriver le premier !

Comment freiner vos rougissements ?


L’autre jour, j’ai coaché Camille, une jeune et talentueuse créatrice dans le domaine de la mode. Son problème était qu'elle rougissait dès qu’elle s’exprimait. Un handicap sérieux pour cette jeune femme. Cette manifestation honteuse (d’après son point de vue) l’empêchait de faire correctement la promotion de ses collections. Rougir de manière excessive est mal vécu et c’est tout à fait normal puisqu’à ce moment-là, le visage rougit pour dévoiler une émotion que vous souhaiteriez cacher. Cependant, si vous acceptez votre fragilité, votre hypersensibilité au lieu d’en avoir honte, c’est un bon début. Je lui ai donc conseillé d’affranchir ses interlocuteurs dès le départ : « Je tiens à vous l'avouer, je rougis très souvent, mais ne vous inquiétez pas pour moi, sachez que je suis vraiment ravie d’être avec vous. »


Si vous rougissez fréquemment, en avouant votre problème, les personnes seront de tout cœur avec vous ! Tout le monde sait ce que c’est de rougir. De plus, en utilisant les mots : « Ne vous inquiétez pas pour moi » vous inciterez les personnes, justement à s’inquiéter pour vous et à se montrer encourageantes, bienveillantes et à l’écoute. Et pour vous, ça y est, c’est dit ! Vous pouvez passer à autre chose et démarrer votre pitch. Camille a mis en pratique ce conseil dans un premier temps, puis dans un second temps, je l’ai aidée à rechercher la toute première fois où elle s’est sentie embarrassée au plus haut point à l’oral ! Camille a réalisé rapidement l’événement déclencheur. Le fait de mettre des mots à son mal-être enfoui lui a fait le plus grand bien et a atténué ses rougeurs. Aujourd’hui Camille se sert de son rougissement comme d’une coquetterie et elle ne le vit plus comme un handicap. Je tiens à préciser que son problème n’était ni grave, ni caché dans l’inconscient. Pour les traumatismes profonds, je vous invite à vous tourner vers un autre professionnel.


En conclusion, stresser est tout à fait normal !


En revanche, paniquer est handicapant, inconfortable et peut vous faire louper des opportunités ! Mais la bonne nouvelle, c’est qu’avec un peu de méthode, vous pourriez diminuer votre peur de 50 % au début puis ensuite ne ressentir que le bon trac, comme 100 % des orateurs ! Sarah Bernhardt, grande comédienne du théâtre de la fin du XIXe, répliqua à une jeune comédienne qui se vantait de ne pas connaître le trac : « Rassurez-vous cela viendra avec le talent ! ». Et vlan ! Les techniques et l’entraînement sont indispensables pour cesser d’avoir cette peur panique qui vous oblige à vivre des moments effroyables ou à trouver des excuses pour éviter de prendre la parole. Savoir, se connaître, se préparer et s’entraîner règlent le problème une bonne fois pour toutes. Si vous souhaitez être accompagné-e , je me ferai un plaisir de vous aider pour que toutes vos interventions deviennent, un bon moment, partagé entre vous et votre public ! Si vous avez des interrogations sur le sujet, n’hésitez pas à me contacter via le formulaire de contact, je vous répondrai dans les 24 H. À très bientôt !

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